Alcool, usages et mésusages.
La notion d’usage et de mésusage des substances psychotropes est apparue récemment (Recommandations des bonnes pratiques, 2015). Ce concept dépasse la notion de produit pour recentrer l’attention sur la personne et les conséquences sur la santé. Il distingue l’usage banal, à faibles risques, les usages à risques, les usages nocifs et la dépendance.
Les usages de substances se trouvent dans leurs effets ressentis et non ressentis, objectifs et subjectifs. Les usages de substances se trouvent dans la disponibilité des produits, la légalité, les taxes, le commerce et l’inverse l’illégalité… Les usages de substances se trouvent dans des contextes biologiques, de la faim, à la soif, l’addiction ou la dépendance. Les usages de substances se trouvent dans les structures psychiques et leurs traductions sociales.
Avant (la fin du 20ème siècle), il y avait des alcoologues ou des tabacologues, ils avaient pour mission de séparer l’usager du produit, l’alcool de l’alcoolique, le tabac du tabagique. Les toxicomanies étaient (et malheureusement sont encore en partie) classées dans les délinquances, la solution dans l’interdit, non dans le soin.
L’addictologie est une approche récente qui doit envisager la pluralité des addictions, des étiologies et des soins.
Usage et mésusage des substances
Des substances ont des effets psychotropes, c’est une réalité connue depuis le début des mondes. Les sociétés ont développé autour des usages des substances des rites et des cultures. Les produits sont divers et les rites sont divers, ils sont toujours liés. Les rites contrôlent les usages et les risques, d’autres la production, d’autres la distribution. Le marketing est un rite moderne qui joue avec des images, des rythmes et des concepts pour augmenter les consommations. Le marketing peut autant être illégal que légal.
Les effets psychotropes des substances sont très divers, une petite part génétique et une grande part épigénétique fabriquent des liens entre le consommateur et le produit. L’épigénétique est une information transmise à travers les gènes, des informations telles que les traumatismes ou les addictions, marquent les gènes et se transmettent. Le soin doit se porter sur ces couches profondes des mémoires biologiques.
Le tabac ou les opiacés ont des récepteurs cellulaires spécifiques qui se multiplient au contact du produit. Des gènes sont activés pour métaboliser la nicotine, l’oxyde de carbone ou les opiacés. L’addiction est forte, on peut proposer des produits substitutifs qui vont nourrir les récepteurs le temps nécessaire. L’alcool n’a pas de récepteur spécifique, l’alcool agit en modifiant la chimie des membranes cellulaires. Les effets de l’alcool sont puissants, il n’y a pas de produit substitutif équivalent.
Mésusage sans substance
Rites et produits sont associés, les rites sociaux, ou à l’opposé, rites antisociaux.
Dans certaines situations le rite occupe toute la place. La substance est l’émotion, « l’adrénaline » et nombres de neuromédiateurs. Les rites addictifs avec les jeux, avec les écrans, avec le corps ou les sentiments, on les nomme addictions comportementales. Il n’y a pas de produit consommé.
Les troubles des comportements alimentaires, sont des problématiques addictives. Quand l’aliment devient substance d’attraits excessifs ou de rejets excessifs. Au demeurant, l’alcool est considéré fréquemment comme un aliment, les consommations se mêlent aux aliments ou les remplace.