Alcool, usages et mésusages.

Les consommations d’alcool ont trois côtés : social, psychique et physique.

Côté physique,

Commençons par le plus simple, le côté physique, l’alcool consommé a un effet très rapide sur les cellules, toutes les cellules, ce qui ne permet pas vraiment au consommateur d’avoir conscience des effets de l’alcool. L’alcool modifie la perception de la peau, autant que des oreilles, des yeux ou du goût. La consommation d’alcool ressemble à un bain dans une mer chaude, les remous sont autant dehors que dedans.

Nous n’irons pas jusqu’à raconter que nous avons tous le souvenir de ce bain délicieux quand nous étions dans le ventre de notre mère ! Dans le ventre maternel, le futur-né mange, boit, écoute, le bain est nourricier, fluide de la croissance et des apprentissages du corps. A force d’écouter les personnes qui reviennent trop souvent aux consommations d’alcool, c’est une certitude, le souvenir du bain rassurant dans le ventre maternel est toujours présent, puissant, irrésistible.

Côté social,

Le côté social pourrait bien être une déclinaison du souvenir de ce bain et de ces remous. La naissance est à la fois séparation et réunion. Séparation de la mère, quitter le ventre, quitter l’univers où le corps s’est formé, les rythmes de ce ventre, du souffle maternel. Réunion avec les autres, des parents, des proches, tous passés par la même expérience. L’alcool rapproche, réuni dans le bain primordial.

Le côté social est une grande pression, une immense pression, de ce que l’on doit être, de l’environnement et de soi-même. Cette pression évolue par étape de l’enfance, à l’adolescence, à l’âge adulte, elle s’inverse. La société de consommation presse à consommer, à exciter les besoins. L’addiction, la dépendance, sont des pressions, un passage du social, au psychologique, au physique. La pression sociale prend corps.

Côté psychique

Que dire du côté psychologique, maintenant…, au moins que nous sommes d’abord et avant tout faits de psychologie. Nous avons faim, ou soif, des données physiques, ce que nous allons boire ou manger, seront des données culturelles, composés des psychologies des voisins, de la famille, des ancêtres et de l’épicerie proche, des producteurs et des marchands. La psychologie est une forme d’emballage et de langage. Comme un costume, conditionné par l’extérieur, trop grand, trop petit, source de conflit et de questions. La psychologie est une tension, la consommation d’alcool une dilution.

Ce qui permet de réguler les consommations, c’est la capacité à prendre de la distance, autant de dimensions physique que sociale et surtout psychique. La réalité de ce que nous sommes est consciente de ces aspects, elle en est libre.

Alcool et maladie :

Il y a deux formes de maladies liées aux consommations d’alcool, celles liées aux effets directs et celles liées aux conséquences des perturbations du métabolisme. Directes, c’est l’action de l’alcool sur les neurones. L’alcool modifie les perceptions et les pensées.

Les troubles du comportement, l’accident, les actes ou les mots inappropriés aux situations, la dépendance, l’incapacité à s’arrêter, le coma. Indirectes, les phosphatidyléthanols en sont un début d’explication, les atteintes des muscles des artères et du cœur, les maladies cardiovasculaires, sont augmentées à partir de un verre par jour, ce sont ensuite les cancers, l’alcool perturbe les mécanismes de réparation des chromosomes.

Le foie est une énorme centrale métabolique, les hépatocytes sont chargés de conditionner et distribuer la nourriture et de recycler. Ces cellules sont des usines enzymatiques, les biens connus Gamma GT, SGOT, SGPT servent à découper les protéines en acides aminés. Quand ces enzymes augmentent dans le sang c’est que les hépatocytes sont détruits en grand nombre. L’alcool détruit les membranes. Le foie a aussi de grande capacité à se régénérer, s’il reçoit une nourriture constructive (la cirrhose, est le remplacement des cellules hépatiques par du tissu fibreux, non fonctionnel).

L’alcool doit être prohibé pendant la grossesse. L’alcool passe très vite dans le liquide amniotique qui nourrit le futur-né, le cerveau, les neurones en formation sont fragiles, la formation de phosphatidyléthanols aura des conséquences dramatiques. Dans ces cas, les atteintes de l’alcool apparaitront plus tard.

Des causes aux consommations d’alcool ?

Il n’existe pas de génétique de la consommation excessive d’alcool ! Il existe une pression et une conviction sociale (des croyances et des habitudes) sur les effets psychologiques de l’alcool : « l’alcool indispensable à la fête ». Cette conviction met le bonheur dans la consommation d’alcool où il n’y a qu’oubli. L’alcool n’est pas un aliment.

L’alcool, maladie sociale ? Une hypothèse à envisager sérieusement. Nous sommes des êtres sociaux, nous avons besoin de protections et de cadres pour grandir, devenir humain. Nous avons autant besoin de séparation que de réunion. Besoin de s’identifier en tant que personne, différencié du groupe ou des parents. Les tensions et les conflits sont nécessaires. L’alcool peut être parfois une réelle communion et trop souvent une union illusoire, noyée dans l’ivresse.

Consommer de la nourriture est une réunion sociale. Même manger seul est une réunion avec la nourriture, les produits de la terre, du soleil, de l’eau… et des producteurs de cette nourriture. Les consommations d’alcool ont des effets très différents des autres aliments…