Le phosphatidyl-éthanol (PEth)

Le marqueur Spécifique des Usages de l’Alcool

Médecins, découvrez le PEth

Dans nos pratiques cliniques nous connaissons les mesures précises, la glycémie, l’hémoglobine glyquée, les charges virales ou la numération-formule… Pour l’alcool, nous disposons uniquement de mesures subjectives, ce que déclare le patient, incertaines ou ambigües (CDT est 70% spécifique, avec de faux +) (VGM et GGT inconstants). Disposer d’un marqueur spécifique et proportionnel des consommations d’alcool va modifier nos pratiques.

  • Quelle place occupe les consommations d’alcool dans vos consultations ?
  • Combien d’usages excessifs, quelles conséquences psychiques, physiques, sociales ?
  • Combien d’usages banals, quelles conséquences médicales à court, moyen et long terme ?

Avec l’alcool, les médecins sont confrontés à des drames et des dilemmes. Puis-je croire ce que dit le patient ? Existe t’il des consommations ‘’normales’’ ? Quelles incidences ont les consommations sur l’état de santé de ce patient ? Quelles interactions entre les consommations d’alcool et les traitements ?

Les phosphatidyl-éthanols se forment dans les membranes cellulaires quand elles rencontrent de l’éthanol à la place de l’eau. Le PEth est le marqueur 100% spécifique des consommations d’alcool. La quantité de PEth mesurée est proportionnelle au niveau des consommations des semaines passées.

Les phosphatidyléthanols se forment dans toutes les membranes cellulaires, neurones, leucocytes, hépatocytes…. En pratique, la mesure se fait sur les hématies, pour plusieurs raisons :

  1. la demi-vie des phosphatidyléthanols y est de l’ordre de 10 jours,
  2. une goutte de sang (10 microlitres) suffit pour faire le dosage,
  3. séchés, les prélèvements se conservent parfaitement.

Mesurer le PEth

Le prélèvement du PEth peut se faire au cabinet, comme pour une glycémie, un piqure au bout du doigt, un dispositif absorbe 10 microlitres, la goutte de sang séchée est envoyée au laboratoire.

Aujourd’hui, les frais de l’analyse du PEth est à la charge du patient. Dans les situations pathologiques, une demande de prise en charge pas l’assurance maladie est envisageable.

Le résultat est disponible dans les jours suivants. Ils sont exprimés en nanogrammes par millilitre de PEth. (L’unité alcool, UA, représente : 10g ou un verre).

Le PEth apporte beaucoup d’informations, plusieurs interprétations sont possibles.

1- PEth reflet des consommations en cours :

  • PEth indétectable quand il n’y a pas eu de consommation dans les semaines passées,
  • PEth 20 ng/ml, consommations modérées (1 à 2 UA /J, pas tous les jours),
  • PEth 200 ng/ml pour 2 à 3 UA/J, consommations notables
  • PEth 800 ng/ml 4 UA/J ou 7 à 1O UA deux à trois fois dans la semaine,
  • PEth de 1000 ou 2000 ng/ml, consommations excessives et constantes, > 7UA/J,

2- PEth en cours d’un sevrage :

  • Les PEth s’accumulent, leurs demi-vies sont d’une dizaine de jours,
  • Mesurés tous les 10 ou 15 jours, la décroissance encouragera le patient et le médecin,
  • L’augmentation signifie rechute,

3- PEth expression des risques de l’alcool :

  • PEth 20 ng/ml, consommations à risques modérés,
  • PEth 20 à 200 ng/ml, consommations à risques notables,
  • PEth 800 ng/ml et davantage, consommations à risques élevés,

4- PEth, loi et sécurité :

  • Situation de conduite alcoolisée, retrait de Permis de Conduire
    – PEth pour preuve de sevrage ou de consommations à moindre risque
  • Professions à risques, médecine du travail
    – Surveillance de l’ensemble du personnel, pour intervenir en amont,
    – Situation du risque alcool en cas d’accident
  • Pour les assurances, évaluation des risques, ajustement des primes

A qui proposer une mesure spécifique des consommations d’alcool ?

Aux patients qui souhaitent faire le point avec leurs consommations. Ils ont des doutes ou des craintes, la famille, l’entourage ou le travail émettent des signaux d’alertes. Le dosage du PEth va objectiver les relations à l’alcool, le médecin explique, le patient décide, envisage ses choix, le médecin encourage et suit.

Vous, en tant que médecin, souhaitez alerter votre patient. Nous savons que les bilans biologiques généraux et hépatiques sont peu spécifiques. Le patient est dans une situation à risque, la grossesse d’abord, déprimé ou anxieux, le diabète, le syndrome métabolique, l’hypertension artérielle… une autre pathologie aggravante…

Vous constatez des bilans perturbés (VGM ou GGT élevés), vous souhaitez faire un diagnostic différentiel.
Aux personnes qui doivent démontrer leur situation avec l’alcool, la justice, le travail, le permis de conduire. Le dosage du PEth s’impose comme l’étalon de mesure vis-à-vis de la justice en Suède et aux USA. Il devrait le devenir en France prochainement.

Que faire d’une mesure spécifique des consommations d’alcool ?

L’objectivité va modifier la relation entre les personnes, le produit alcool et les soignants. Les addictions ne sont pas des « maladies », les addicts ne se perçoivent comme « malade », il n’existe pas de médicaments simples, il ne s’agit pas d’une infection traitable par un antibiotique, encore moins d’une trouble de l’humeur pour lequel on dispose d’un médicament efficace.

L’enfermement, l’isolement, sont parfois, mais rarement des solutions. Le soin est d’abord ambulatoire, le médecin traitant, le médecin de famille en première ligne. L’entourage, les proches ont aussi besoin d’attention et parfois de conseils (nous y venons dans ce chapitre).

Il existe une dépendance, une addiction à l’alcool ou pas ? De multiples situations sont possibles, plusieurs axes :

  • Le patient a besoin d’être informé, il n’y pas d’addiction,
  • Il y a une urgence médicale, une grossesse, une cirrhose, des risques cardiovasculaires élevés,
    – Le médecin informe, propose, accompagne,
  • Il y a une réquisition de la justice

A ces situations, plusieurs réponses possibles :

  • Le médecin est expert, il informe
  • Le médecin est attentif
  • Le médecin est coopératif

La bonne distance est variable :

  • Paternel ou maternel
  • Fraternel
  • Objectif
  • Discutant
  • Toujours exposant ses limites
  • Attentif aux transferts d’affection, de colère, de rejet…

Le patient se trouve dans un labyrinthe, entre les contraintes psychiques, les besoins biologiques, les impératifs sociaux. Le médecin est d’abord observateur des situations, l’essentiel est de maintenir les liens. Soutenir et comprendre pèsent davantage que moraliser. Le consommateur excessif est déjà dans la culpabilité et sa problématique avec l’alcool l’enfonce davantage dans la souffrance.

L’impact d’un marqueur spécifique de l’alcool dans la société.

Il reste à évaluer l’incidence dans la relation clinique d’un marqueur spécifique de l’alcool, sur le long terme. La précision de l’information pourrait-elle éviter le déni ? Dans quelle mesure le déni était lié à l’absence de mesure objective et a des erreurs diagnostique ? Le déni est-il lié à la valorisation sociale, politique et économique de l’alcool ou à des traits pathologiques ?

Pour le présent, il est important d’être conscient que les consommations excessives d’alcool côtoient des pathologies psychiatriques invalidantes. Il est très difficile, voire impossible de déterminer l’élément dominant, la maladie psychiatrique ou l’alcool perturbateur des fonctions psychiques et neuronales. Sujets sensibles, bipolaires, mélancoliques, phobiques, schizophrène, pervers, les ombres de la plupart des pathologies psychiatriques planent sur les consommateurs excessifs. Les traumatismes psychiques et les mécanismes de défenses. La fonction du médecin est complexe !

L’entourage demande parfois conseil, voire consulte pour un tiers addict qui ne consulte pas. Cette demande est l’expression d’une souffrance, elle doit être reçues. On va entendre les jeux de pressions, de regrets et de culpabilités. L’écoute a une action. Cette mise en perspective peut modifier les liens.

Médecin de famille, ou médecin d’enfant, il est essentiel d’être attentif aux pressions, aux signes de souffrances de l’entourage. Très souvent les addictions naissent dans des foyers où sont présents l’addiction, les troubles psychique ou la maladie. L’addiction d’un ascendant se transmet, ce n’est pas génétique, peut être épigénétique, c’est surement un modèle, une interprétation de ce qu’aurait dû être l’affection, la rassurance, le foyer. L’attention à l’entourage est thérapeutique autant que préventif.

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